Thierry Gilardi

« Au cœur de l’équipe de France »
jeudi 30 août 2007
par  Stango
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Thierry Gilardi est un passionné de rugby. Vice-président du Stade Français, le commentateur vedette de TF1 attend avec impatience le début d’un Mondial qu’il va commenter avec Thierry Lacroix.

La Coupe du monde débute le 7 septembre avec France-Argentine. La pression monte ? Oui, d’autant plus que cela sera un week-end d’enfer avec l’ouverture du Mondial le 7, Italie-France en football le 8, Téléfoot, Télérugby et le GP de F1 de Monza le 9. Donc, la pression monte fortement. Cela sera le meilleur week-end sportif de l’année sur notre chaîne.

Tout est au point pour cet évènement ? Au niveau de la technique, on se prépare depuis deux ans. On a beaucoup travaillé avec l’IRB pour que tout soit au point, avec les bonnes infographies ou les statistiques. Je suis sûr qu’on est prêts. Au niveau journalistique, c’est pareil. Le dispositif est prêt et tout le monde connaît son job. Maintenant, c’est l’attente qui est difficile. Il faut que cela commence.

Quel est le dispositif mis en place ? Le personnel mobilisé ? Nous sommes diffuseurs dans le monde entier, c’est donc quelque chose de très lourd. Au moins 800 personnes sont mobilisées. Les 48 matchs seront retransmis, 20 sur TF1 et 28 sur Eurosport. Ce qui est important, c’est de voir que 10 rencontres seront en prime-time. C’est la première fois que le rugby va avoir une telle exposition. C’est le signe d’un sport qui décolle, et d’un évènement majeur pour nous.

Quelle va être la ligne éditoriale du magazine Télérugby ? La recette sera la même que pour Téléfoot. Nous serons souvent avec Bernard Laporte, avec les Bleus. Nous voulons être au plus près de leurs matchs, c’est pour cela que les émissions auront lieu à Marcoussis ou encore à Toulouse pour la réception de la Namibie. Il faut être au cœur de l’équipe de France. D’ailleurs, nous avons un journaliste caméraman qui vivra tout le Mondial avec les Bleus. Mais attention, on n’oublie pas Les 19 autres équipes.

« Le rugby est un sport très télégénique »

Comment se passe votre collaboration au commentaire avec Thierry Lacroix, transfuge de France Télévisions ? Plutôt bien. Nous avons fait des tests lors de France-Angleterre, en « off », en cabine dans les vraies conditions du direct. La répartition des rôles s’est faite de manière naturelle. Il est habitué à son rôle de consultant. Mais, c’était important de se tester, chacun doit prendre en compte les habitudes de l’autre. Cela nous a rassuré, fait du bien. Un duo doit être complémentaire mais cela met souvent du temps. Je trouve qu’avec Thierry, c’est très rapide. Le rugby, deuxième sport français, a une excellente image.

Comment mettez-vous cela en perspective par rapport au football ? Je ne compare pas. Le rugby a ses propres armes. On sent bien qu’il y a quelque chose autour de ce sport. Cela passe par les matchs du Stade Français au Stade de France organisés par Max Guazzini. 80 000 personnes pour un match de Top 14, on n’aurait même pas imaginé cela il y a quelques années. Il y a une atmosphère très particulière dans le rugby. Les gens ont le sourire au stade, tout le monde se sent en sécurité. Mais les règles ne sont pas encore comprises par tous. Je pense que le rugby est surtout un sport très télégénique, spectaculaire, sans temps mort. Tous les ingrédients sont réunis pour faire du grand spectacle.

Que pensez-vous de la liste des 30 ? Ca sera la meilleure du monde s’ils gagnent le Mondial. La liste ne souffre d’aucune discussion ou presque. Les joueurs présents s’imposaient. Peut-être que Castaignède a été oublié. Mais c’est au sélectionneur de trancher. Et, à la vue de la préparation, il a eu raison car malgré des changements multiples dans le XV de départ, il y a toujours eu la même envie, le même état d’esprit, la même défense. Il y a de l’osmose dans la liste.

« L’Argentine me fait peur »

Quels sont les joueurs que vous appréciez particulièrement ? Les miens, ceux du Stade Français. J’ai un regard affectif sur eux. Mais surtout, j’aime Betsen. C’est l’archétype du joueur de rugby. Humble, vaillant, il court tout le temps, il fait un maximum d’efforts et a beaucoup d’abnégation. Toute la culture rugby est réunie en lui.

Un mot sur Chabal ? Lors de la Coupe du monde, on va employer un nouveau mot : « impact player ». Ce joueur en est le symbole. Il a une gueule, une personnalité. Il est surtout très spectaculaire. Quand il emmène tout le monde sur sa route, c’est de l’émoi pour le public. Mais à Cardiff, on a vu que ce n’était pas simple. Il ne suffit pas qu’il prenne la balle pour traverser tout le terrain.

Quels sont les adversaires des Bleus, les favoris ? L’Argentine me fait peur en ouverture. On va être directement dans le bain. En plus, les deux équipes se connaissent par cœur puisque beaucoup de Pumas jouent en France. C’est un écueil, cela ne sera pas simple. Les Argentins sont la cinquième nation mondiale. Et surtout un sérieux outsider. Sinon, je ne serais pas original en citant les Blacks, les Boks et les Wallabies. Et l’Angleterre ? Non, ils sont en dessous. Ils vont embêter beaucoup de monde avec pack très puissant, une sorte de rouleau compresseur. Mais ils ne sont pas armés pour aller jusqu’au bout. Le jeu manque d’ampleur.

La France est-elle prête à s’enflammer ? Quand je vois que 2000 personnes attendaient le car des Bleus à Marseille, je me dis qu’il se passe quelque chose. Il y a une attente. Les gens ont envie de faire la fête, de partager un moment d’émotion comme en 1998. Il y aura le même genre de phénomène en septembre.

« Blanco regardait Lomu avec des yeux comme des billes »

TF1 a vraiment envie de s’engager à long terme sur le rugby ? La chaîne a senti qu’il se passait quelque chose donc elle a eu la volonté d’obtenir les droits pour le Mondial 2011 en Nouvelle-Zélande. C’est maintenant réglé. On y croit fort.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que commentateur ? La demi-finale de 1995 en Afrique du Sud, le match Angleterre-Nouvelle-Zélande avec Serge Blanco. C’était le match où Lomu avait dégommé les Anglais à lui seul. Blanco, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, regardait Lomu avec des yeux ronds comme des billes, dans un mélange d’admiration et de crainte. Je m’en rappellerai toute ma vie.

Et vos premiers souvenirs de gamin ? C’est Jo Maso. Lui, c’est l’emblème. Je fais partie de la génération qui a fait 350 millions de passes croisées à l’entraînement pour l’imiter (rires) !


30 août 2007 - 10 h 25 - Cyril OLIVES - LeSite Rugby


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