La recette Lamaison

mardi 2 octobre 2007
par  Stango
popularité : 1%

Christophe Lamaison, victorieux des All Blacks lors de la demi-finale de 1999, revient sur cet exploit. « Je me souviens de beaucoup d’échanges avec les partenaires pour essayer de trouver les stratagèmes afin de déstabiliser les Blacks. »

« Christophe Lamaison, le match de samedi doit vous rappeler quelques souvenirs ? Un excellent souvenir. Au delà du résultat, c’était la semaine de préparation avant cette demi-finale. Tout le monde nous voyait prendre une déculottée et cela avait bousculé un peu notre fierté. On était vexés et les joueurs piqués au vif. On s’est plus retranchés sur nous-mêmes, ce qui a fait que le jour J, on était prêts. Ce match est l’un de mes plus grands moments de rugby et ce que je retiens surtout, c’est l’aventure humaine. C’est dans ces moments difficiles qu’on bâtit des amitiés.

Comment aviez-vous préparé cette demi-finale ? Tactiquement et stratégiquement, on avait un fil rouge, ce qui a fait qu’on était lucide quant à l’événement. Je me souviens de beaucoup d’échanges avec les partenaires pour essayer de trouver les stratagèmes afin de déstabiliser les Blacks. Par exemple, (Pierre) Villepreux avait trouvé que la défense des Blacks dans les 22 m montait sur un seul rideau, ce qui a amené l’essai de Dourthe avec un coup de pied par dessus. Ensuite, Jonah Lomu, s’il reculait constamment, n’était pas dans les conditions pour percuter l’adversaire. C’est ce que j’ai fait avec le jeu au pied, j’en ai abusé certes, mais c’était une stratégie. Et puis on a essayé d’anéantir Kronfeld qui était le poison de cette équipe.

Quel était le plan anti Josh Kronfeld ? (L’anecdote le fait rire) Cédric Soulette. C’était un gros gabarit, très très dur au mal et surtout il avait un handicap assez paradoxal puisqu’il était myope à l’époque. Depuis il s’est fait opérer des yeux, mais avant il ne voyait rien sur un terrain de rugby, ce qui fait qu’il était dangereux autant pour les adversaires que pour ses coéquipiers. On lui avait dit que le Néo-Zélandais qui avait un casque, s’il arrivait à le voir, il fallait qu’il lui fasse mal, tout simplement. Je ne sais plus sur quelle action cela s’est passé mais je me souviens qu’au banquet d’après match, j’ai vu Kronfeld dire à Soulette avec des gestes qu’il était fou. J’ai trouvé que c’était une belle notion de respect quand même.

Trouvez-vous des similitudes entre votre parcours et celui des Bleus de Bernard Laporte ? Comparer les deux époques ne serait pas le bienvenu. A chaque équipe son lot de travail, d’incertitudes. A l’époque, on n’était pas favoris, on a jamais eu la prétention de dire que l’on serait champion du monde, il y avait un groupe qui était déjà défini et qui est monté en puissance dès les matches de poule. Aujourd’hui, cela est un peu différent, on accueille la Coupe du monde, on a affiché des prétentions d’être champion du monde et l’équipe n’est toujours pas dessinée, avec une sortie de poule en tant que numéro 2. On peut trouver des similitudes mais comparer les deux équipes seraient mal placé.

L’effet de surprise peut-il jouer à nouveau ? L’effet de surprise aujourd’hui, c’est de retrouver la France 2e de sa poule. Si on avait fini comme tout le monde l’envisageait, on avait une voie royale et on aurait affronté un gros morceau essentiellement en finale. Là, les plans sont chamboulés. Sur un match tout est possible, mais là, il va falloir en enchaîner trois car les Blacks ne sont pas une finalité. Derrière, il y a une demi-finale contre les Australiens, et une finale contre les Boks. Pour samedi, j’ai un sentiment partagé car on a une équipe Black qui arrive archi-favorite mais qui n’a pas rencontré encore de gros calibres dans cette compétition. Du côté français, il y a beaucoup d’incertitudes, d’incompréhensions, ce qui fait qu’on a un peu peur et qu’on est un peu inquiet. »


Raphaël Perry - l’équipe


Commentaires

Navigation

Articles de la rubrique