Serge Blanco

Arriere (Numéro 15)
jeudi 13 mars 2008
par  Stango
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Serge Blanco donne sa conception du rôle d’arrière et ce qui a changé par rapport à son époque.

« L’arrière d’aujourd’hui est beaucoup plus protégé par les règles »

« La grande différence entre mon époque et aujourd’hui c’est que l’arrière est nettement plus protégé. Un arrière, on ne peut plus le toucher. Ce qui m’est arrivé en quarts de finale de Coupe du monde 1991 contre les Anglais ne pourrait plus se produire de nos jours. La sanction tomberait immédiatement contre le ou les agresseurs. Un ballon en chandelle arrive dans les mains de l’arrière, il crie "mark" et le jeu s’arrête. Avant, il fallait planter le talon, crier bien fort pour se faire entendre de l’arbitre car il fallait en plus espérer qu’il entende. Je le dis à moitié en plaisantant, mais certains hommes en noir étaient un peu "sourds" dans ces moments-là. Voilà pour la protection du poste.

Sur un autre plan, c’est un poste qui a aussi évolué parce que les arrières ont modifié leur préparation physique. Et aujourd’hui, c’est une place primordiale dans le dispositif tactique des équipes. L’arrière doit être un parfait complément pour sa ligne de trois-quarts. Il doit amener un apport intelligent pour qu’il y ait de la continuité dans le jeu. Il doit aussi constituer le dernier rempart amenant une certaine sécurité dans les phases défensives. Finalement, toute l’équipe doit compter sur certaines phases sur ce seul homme. C’est un rôle qui à mon sens est fort.

« On pourrait revenir à une conception plus inventive »

« L’arrière doit également être libre sur le terrain pour apporter une dose d’inventivité nécessaire. Il faut qu’il puisse être disponible à tout moment dans tous les types d’action. Les règles ont évolué mais on peut toujours, je crois, faire de l’arrière un joueur décisif, même si son rôle est un peu plus restrictif qu’à mon époque. Il y a vingt ans, je rappelle que par exemple les troisième-lignes se relevaient dès l’introduction en mêlée. Et ils influaient tout de suite sur le reste de l’action. Un joueur comme moi pouvait en profiter ensuite en s’intercalant. Maintenant, l’arrière intervient moins, notamment dans les mêlées fermées.

Il y a aussi selon moi un manque d’imagination des entraîneurs, qui privilégient trop le grand côté. Et qui ne demandent plus à leur arrière d’aller côté fermé. Je pense que, malgré leur vitesse actuelle, les flankers ne peuvent pas reprendre sur le petit côté des arrières-sprinters purs comme il y en a dans toutes les grandes équipes. Les décalages, à mon avis, ne peuvent se faire que de cette manière. Le rugby d’aujourd’hui, c’est essentiellement une affaire de points de rencontre et des gains progressifs de terrain. Mais il ne faut pas non plus essayer de comparer les époques et de dire que c’était mieux avant. Si les entraîneurs ou les théoriciens du jeu pratiquent de la sorte, ils ont leurs raisons, que je respecte d’ailleurs : évolution physique, accélération de toutes les phases de jeu, modification des règles, etc. Pour la Coupe du monde qui vient, je n’ai aucun conseil à donner et surtout pas au staff français qui sait éminemment ce qu’il à faire. »


Par Philippe VERNEAUX (L’équipe.fr)


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