Jo Maso

Centre (Numéro 12)
mercredi 25 mars 2009
par  Stango
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Jo Maso, actuel manager des Bleus, mais aussi centre de légende du XV de France, définit son poste avec poésie et passion

Transmetteur de bonheur

« Le poste de centre, c’est un poste de transmetteur de bonheur, parce que c’est celui qui permet de donner de l’air et de la vie au ballon, de le propulser vers l’ailier ou l’arrière qui va essayer de l’amener derrière la ligne. A mon époque, sans la capacité du centre à faire vivre la balle, point de salut aux ailes, et point de satisfaction sur le terrain et dans les tribunes, car le jeu devait être spectaculaire, porté vers l’offensive, et par exemple on ne voyait jamais un pilier ballon en main. Centre, c’est un poste essentiel de transmission, essentiel dans le jeu collectif. J’ai joué centre tout gosse, puisque mon père jouait déjà trois-quart centre au rugby à XIII. J’ai joué centre par mimétisme, même si j’ai aussi beaucoup joué à l’ouverture où je me suis bien régalé. J’ai toujours adoré jouer centre quand j’étais associé à de grands ouvreurs, comme Jean Gachassin, Jean-Louis Bérot, Jean-Claude Roques, qui me donnaient l’occasion de faire vivre le jeu. Ce qui me plaisait le plus, c’est de ménager des espaces pour les autres, le travail individuel au service de l’équipe, pour le plaisir de mon coéquipier, voilà ce qui m’importait. Mon bonheur, c’était de tenter un cadrage-débordement pour décaler le deuxième centre, ou faire une fausse passe croisée pour décaler l’ailier. Il faut sans cesse avoir un esprit de créativité. Comme je le dis toujours, un bon centre, il a tellement pensé le jeu pendant 80 minutes qu’il doit sortir du terrain avec un mal de crâne. Il ne doit pas subir le jeu, il faut qu’il le transforme.

Admiratif de O’Driscoll

Les règles et le physique ont beaucoup fait évoluer ce poste. Les règles, parce que les défenses sont beaucoup plus agressives maintenant. Elles montent beaucoup plus vite pour agresser la ligne d’attaque. Du coup la marge de manoeuvre des attaquants est moindre, et il est très difficile de porter le ballon aux ailes en première main. Et surtout, les hommes se sont transformés. Quand vous voyez Damien Traille ou Yannick Jauzion, Stirling Mortlock... Ce sont des centres qui font plus de 100 kilos, qui jouent sur leur vivacité, mais aussi sur leurs capacités physiques. Moi, je faisais 1,80 m pour 83-84 kilos, et je passais pour un des plus gaillards, alors que maintenant ce sont des monstres. Ils sont devenus aussi des briseurs de défenses. On leur demande à la fois de pouvoir transmettre le ballon jusqu’à l’aile, mais aussi de défier physiquement l’adversaire, à cause des lignes de défense cadenassées sur toute la largeur du terrain, et de les faire exploser pour passer les bras et jouer dans le dos. Nous, on jouait plus le contournement, c’est ça la grande différence. Actuellement, le modèle pour moi, c’est Brian O’Driscoll, le centre que j’aurais aimé être si j’étais un joueur aujourd’hui. C’est le style de joueur qui me plaît, comme Aaron Mauger aussi, très complets, physiques mais aussi très créatifs. J’ai une tendresse particulière aussi pour les centres de l’équipe de France, que je côtoie tous les jours, que je vois vivre, et que j’essaie d’aider en cas de besoin. »


Par Aymeric MARCHAL (L’équipe.fr)


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