Jean Monribot : « Le terrain est un ring »

lundi 30 août 2010
par  Stango
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Le flanker du SUA, malgré son gabarit modeste (1 m 83 pour 95 kilos), a confirmé face au BO et à Lauret son statut d’espoir. Mais il a tout fait pour ça.

Puisqu’il se dit « insensible aux critiques comme aux louanges », on peut y aller : Jean Monribot, troisième ligne aile de 22 ans, a crevé l’écran et les attaques biarrotes samedi lors du premier succès agenais 28-23. Pour son coach Christian Lanta, « il a prouvé, en retournant du Biarrot, qu’il avait le niveau Top 14. » Pour son capitaine Adri Badenhorst, « il est indispensable, court comme un trois-quarts, et défend comme personne malgré ses 95 kg. » Ah le poids de Monribot…

Sud Ouest. Le sujet récurrent sur votre « petit » gabarit, ce n’est pas lourd à force ?

Jean Monribot. Ça me faisait ch… avec Faugeron et Van der Linden (NDLR : 2006-2007). Je ne pesais pas bien lourd, environ 90 kilos. Van der Linden voulait que je prenne du muscle, j’étais contre. J’estimais que ça pouvait nuire à mes qualités de courses, d’endurance. Je ne voulais pas devenir un 3e ligne qui fait une action et reste sur son côté. Là, j’en fais 95, j’ai pris un peu cet été avec du renforcement musculaire surtout aux épaules. Il me tardait de voir ce que ça allait donner en Top 14.

Ça a l’air d’aller…

Contre le BO, un club que j’ai toujours aimé, je voulais vraiment réussir et montrer qui je suis. À Toulouse, je n’étais pas satisfait de mon match, même si j’avais été un peu malade durant la semaine. À Bayonne, en revanche, ma rentrée m’a donné confiance. Samedi, c’était la continuité de ma deuxième période, à l’image du groupe. On voulait tous cette première victoire qui fait tant du bien.

En face, il y avait Wenceslas Lauret, flanker international de 21 ans. Ça motive, non ?

La motivation se nourrit aussi de ça. Se mesurer à Harinordoquy ou Lauret, ce n’est pas rien.

Vous pensez donc aux Bleus ?

J’y pense sans y penser. Ce n’est pas ma priorité, il faut d’abord que je joue une saison pleine en élite. Avec mon père, on n’a jamais voulu brûler les étapes. C’est pourquoi je suis resté à Agen il y a plus de deux ans, alors que j’étais en pourparlers avec le BO. Mais le retour de Christian Lanta et Christophe Deylaud a aussi joué sur ma décision. Je ne le regrette pas. Je me suis donné les moyens pour être là aujourd’hui. Physiquement et psychologiquement.

Vous voyez un psy ?

Un psychologue, une fois par semaine depuis un an et demi. Je ne loupe pas une séance. Être pro, ce n’est parfois pas si simple : la pression du public, être remplaçant, etc. J’ai aussi la chance d’être entouré par ma famille et mon père qui est mon premier conseiller.

Parlez-nous de lui.

Mon père a joué en élite à Brive et Périgueux, mais il était trop bringueur pour percer. J’ai donc fait l’inverse, quitte à tomber dans l’excès. Je ne sortais jamais. Je faisais attention à la nourriture, à la récupération. Je me mettais trop de pression pour réussir là où il avait échoué. Aujourd’hui, j’ai trouvé un équilibre. Une bière après un match n’a jamais fait de mal.

Avec le recul, comment avez-vous vécu ce brassard donné par Henry Broncan lors de la première saison en Pro D2 ?

Je suis un compétiteur, je ne pouvais pas refuser. Ce fut difficile, je n’avais que 20 ans. J’étais en phase de construction et le poids de l’histoire de ce club était lourd. Je me demandais aussi comment des anciens comme François Gelez ou Luc Lafforgue pouvaient m’écouter. Je doutais de ma crédibilité.

C’est troublant de vous voir si calme après vous avoir vu si enragé sur la pelouse, notamment à la dernière minute samedi.

Christophe Deylaud dit que le terrain est un ring. Si on prend le premier coup, on est mort. J’ai toujours eu cette grinta, cette folie en moi. Mes éducateurs à Lalinde (24) ont été excellents. Ce dernier ballon que j’arrache m’a rendu heureux. C’est mon moment préféré avec le tampon de Romain (Edmond-Samuel) sur Bosch qui amène l’essai. J’adore cet essai, il y a tout. C’est une révolte collective, du pressing défensif à la conclusion. Le genre d’action qui doit nous donner confiance pour la suite.

Ce nouveau Monribot rêve-t-il de devenir à nouveau capitaine du SUA ?

Pas forcément, d’autant que j’admire Adri Badenhorst, tout ce qu’il fait pour l’équipe. J’apprends beaucoup à ses côtés. Je mets ce que je vois dans des tiroirs et je le ressortirais peut-être un jour. C’est vrai qu’Agen, c’est mon club. J’en suis amoureux. Quand j’étais Cadets B, je n’osais pas marcher sur la pelouse d’Armandie. Je la regardais le soir et je rêvais d’y jouer un jour, de la fouler. J’ai tout fait pour y mettre les pieds. Je mesure ma chance.

Malgré cet amour, vous exigez une clause de libération dans votre contrat en cas de redescente.

Je ne me vois pas revenir en Pro D2. Demander ce bon de sortie, ça veut dire ce que ça veut dire. Il faut assumer cette demande. Si je ne l’avais pas faite, je me serais renié. J’aime trop le rugby. Je veux aller au bout de mon potentiel.

En attendant le retour de Caucaunibuca, vous êtes le chouchou d’Agen.

(Il sourit). Oh, je ne sais pas.

Personne ne semble parler de lui au sein du groupe. C’est tabou ?

On n’en parle pas. Les coaches non plus. Au début, on se disait : « Mais qu’est-ce qu’il fait Rupeni ? » Mais on a évolué. Pour moi, il ne fait plus partie du groupe.

À ce point ?

On se construit sans lui. Il ne faut pas être dans l’attente. Rup’s, on le connaît, c’est une autre culture et ça fait d’ailleurs son charme. C’est un gros bébé que j’adore, mais aujourd’hui, d’un point de vue rugbystique, je préfère avoir Romain (Edmond-Samuel) sur le terrain que Rupeni. J’espère que les gens vont arrêter de parler de lui. Nous, on doit avancer.


Sud Ouest


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