Arms Park (Cardiff)

De l’Arms Park au Millennium Stadium
vendredi 10 février 2006
par  Stango
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Au 19e siècle, le Parc fut donné par Lord Bute au peuple de Cardiff. C’est ainsi qu’on y joue au cricket depuis 1848. Le club de rugby de la ville attendra 1876 pour être créé. En 1885 et 1890 on pensa à ériger des tribunes. Il fallut recommencer après la guerre, la guerre n’ayant pas épargné le site.

En 1950, le Pays de Galles remporte son premier Grand Chelem en rugby, mais les tribunes de ce qu’on appelait alors l’Arms Park se souviendront à jamais des années 70, époque bénie du rugby gallois grâce à quelques joueurs de génie tels les Gareth Edwards, Barry John ou JPR Williams. De véritables superstars qui n’avaient rien à envier aux Beatles. En 1991, l’Arms Park accueille sa première Coupe du monde de rugby tandis que deux ans auparavant, l’équipe de Galles de football y avait élu domicile.

L’enceinte sportive se diversifie de plus en plus, elle accueille de la boxe, comme pour le combat Lewis-Bruno, mais aussi des concerts. Ces derniers se sont multipliés avec la création du Millennium Stadium, le nouveau nom du lieu. Tina Turner, Bon Jovi ou Robbie Williams y ont chanté.

C’est en 1997 que les travaux de transformation (plus que de rénovation) ont débuté en vue d’accueillir la Coupe du Monde de Rugby de 1999. Cérémonie d’ouverture et de clôture s’y déroulèrent, de même que la finale perdue par la France face à l’Australie (12-35). Le Millennium (72.500 places) est aujourd’hui devenu l’un des stades les plus modernes au monde. Il est équipé d’un toit rétractable (comme l’Arena d’Amsterdam) et dispose de deux pelouses interchangeables en moins de vingt-quatre heures afin de garantir un terrain d’une qualité supérieure. Pendant les travaux à Wembley, les finales de coupes anglaises de football s’y disputent. Tout comme la réhabilitation du quartier qui encercle les docks - une grande et belle baie est désormais utilisée pour des activités de loisirs - le Millennium a contribué à revivifier la capitale du Pays de Galles. Cardiff peut être fière de son stade.

La famille ovale est plus qu’un mythe, ici. Elle est réalité. A pied, en moins d’une demi-heure, il est possible de faire le tour du rugby gallois en flânant un peu, les mains dans les poches et le coeur bien accroché. L’Arms Park n’a pas seulement la forme d’un bateau tourné vers la ville, ouvert à la population comme une place publique. Non, il est le centre de la cité, véritable maison familiale de tout le rugby gallois. « Nous avons trois choses importantes à Cardiff », raconte un vieux rouquin à la face de travers. « Les pubs, le château du prince de Galles et, surtout, l’Arms Park. » Et l’homme de quitter le comptoir pour ouvrir la porte et montrer, du doigt, l’imposante masse de béton. Leur cathédrale.

La vie semble s’être organisée autour du National Stadium, qui abrite le siège de la vénérable Welsh Rugby Union, pas coincée pour deux sous avec ses bureaux sans gardes, dépourvus de barrières, sans protocole. « Ici, c’est la simplicité », affirme Susan, l’une des secrétaires administratives du Cardiff Rugby Football Club, finaliste malheureux de la première Coupe d’Europe (contre Toulouse). Et la petite blonde, grimée, les yeux mangés de noir, de préciser à la place des hommes qui trempent leurs moustaches dans des pintes dorées en roulant des « r » dans son dos : « Les Gallois ont toujours eu deux passions. La mine et le rugby. La première n’existe presque plus. Alors ils se battent pour préserver la seconde... »

Car les chiffres sont têtus. Dans les années vingt, un Gallois sur trois descendait dans la mine. Aujourd’hui, à peine un sur cent. Les quelque 214 puits, fleuron du pays de Galles, ont été laminés, abandonnés, rayés de la carte. En 1996, 9 restent encore en activité ; un désert. Nous sommes loin de la fin du siècle dernier, où, ramené par des étudiants de Cambridge en 1874, le rugby trouvait de nobles serviteurs en ces colosses ouvriers de cette région minière.

L’Arms Park et ses chants qui faisaient vibrer tout Cardiff, c’est fini. Pas tout à fait cependant puisque voici en lieu et place le stade du futur, le Millenium Stadium. Le nom de l’ancien Arms Park ne disparaît pas pour autant. Le club de Cardiff, dont le stade jouxte le Millenium, a décidé de le conserver pour son appellation propre.

72 500 places. Pour les amateurs du beau jeu un brin nostalgiques le Millenium restera toujours l’Arms. On a changé l’axe du terrain afin de conserver l’enceinte au cour de Cardiff, à 100 mètres de la gare et des pubs, où les jours de match on affiche complet.

126 millions de livres. C’est ce qu’a coûté la réalisation du nouveau stade soit une trentaine de millions de plus que prévu initialement. Cela tient de la réalisation pharaonique contre laquelle s’insurge Stuart Cable, batteur du groupe gallois Stereophonics. Passionné de rugby, et nourri à l’école des " seventies ", il dit ainsi : " Ce stade est spectaculaire à regarder mais quel gaspillage. Tous ces millions dépensés. Pourquoi ne pas consacrer 100 millions de livres pour les jeunes ? "

Tous ne partagent pas cet avis. Karl Kruger, gérant d’un bar et président d’un club de jeunes supporters, qu’il a créé, estime que c’est une " réalisation dont les Gallois peuvent être fiers, le Millenium sera comme dans le monde entier ".

Ressemblant à un immense bateau, un peu rond, amarré au bord de la minuscule rivière Taff, le stade a déjà les faveurs du public : Français et Sud-Africains n’y ont-ils pas été déjà défaits ? De quoi voir venir et voyager loin. Sept matches de la World Cup 1999 s’y sont joués dont la finale.

Source le Web de l’humanité


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