La touche

une affaire de synchronisation
mardi 8 août 2006
par  Stango
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Raccourcie, jouée rapidement, longue... La touche offre aujourd’hui une multitude de possibilités. Phase de conquête déterminante dans une partie, elle peut faire basculer un match dans un sens ou dans l’autre. A condition d’être effectuées dans de bonnes conditions.

« Un lanceur qui ne sait pas lancer, c’est comme un chasseur sans cartouche. Ça ne sert à rien. » La phrase est signée Yannick Bru, le talonneur du Stade Toulousain. Phase essentielle dans le rugby moderne, la touche est aujourd’hui une clé dont beaucoup d’équipes se servent pour faire sauter les verrous adverses. La touche est certainement la phase de jeu qui demande le plus de technicité. Au delà du choix de la combinaison, la synchronisation est très importante. Mais avant de pouvoir réussir ses touches, il convient de répéter et encore répéter ses gammes. Ainsi, il n’est pas rare de voir les talons arriver une heure avant les autres pour s’entraîner de manière spécifique. Car c’est la répétition qui permet d’acquérir les automatismes. Pour cela, il faut lancer durant des heures. Les talonneurs disposent de plusieurs exercices pour s’améliorer. Ainsi par exemple, certains se mettent à cinq, huit ou onze mètres d’un anneau de basket et le vise. Pour travailler la hauteur, on peut également se mettre face à un escalier et lancer.

Mais le travail spécifique du lancer n’est pas le seul à être mis en place. La défense doit également travailler. Si gagner ses touches est indispensable, aller en chercher chez l’adversaire l’est tout autant. Les défenses en touche se travaillent avec de l’opposition réelle. Les remplaçants se mettent ainsi en position d’attaque et ce sont les titulaires qui sont chargés d’aller gratter le ballon. Le travail du contre prend toute son importance car l’équipe qui défend n’a pas le droit de sauter tant que le ballon n’a pas quitté les mains du talonneur. Au sauteur mais également aux soutiens de s’adapter. Il y a quelques années, le porté n’existait pas encore. Le joueur sautait et il était interdit de le monter. Seul le soutenir était autorisé. Aujourd’hui, cette phase a été revue. Ils sont généralement deux à soutenir le sauteur. Le porteur de derrière assure 80% du portée. Quant à celui de devant, il stabilise en tenant au dessus des genoux. Au niveau amateur, il est interdit de prendre au niveau des genoux. Les porteurs doivent soutenir au niveau du short car les instances estiment que les amateurs ne maîtrisent pas assez le mouvement.

Reste maintenant à travailler l’annonce. Elle n’est pas toujours faîte par le talonneur. Le demi de mêlée, un troisième ligne ou le capitaine peuvent être sollicités. Par exemple au Stade Français, les annonces sont faites par David Auradou ou Pierre Rabadan. L’important est de choisir le leader jeu. Celui qui sait faire preuve de clairvoyance. Après, chacun à son tic, ses secrets ou ses habitudes de langage pour marquer le début du mouvement ou de la combinaison. Les touches peuvent également être jouées rapidement. C’est l’équipe qui lance qui choisit combien d’éléments seront dans la touche. A partir du moment où la touche est marquée, on doit avoir un alignement. Mais si elle n’est pas marquée et si elle dépasse bien la ligne des cinq mètres, elle peut être jouée rapidement et à soi-même.

A l’entraînement, certains coachs n’hésitent pas à chronométrer le moment entre lequel le ballon quitte les mains du lanceur et arrive dans les bras du sauteur. La touche est une affaire de vitesse. Il faut savoir surprendre l’adversaire. En match, elle peut également permettre de lancer un mouvement au large. Quand une équipe possède des ailiers très rapide, elle a tout intérêt à faire un alignement long. En effet, dans ces cas-là, les avants adverses sont obligés de se mettre sur la touche et les arrières ont plus d’opportunité d’aller inscrire des essais. Au contraire, si on fait des touches raccourcies, c’est qu’on va chercher à jouer avec ses avants et que l’on se sent forts. Tout dépend de la physionomie de la partie.


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